Une merveille!
Ponyo est un poisson-rouge à visage de petite fille. Un jour elle s'échappe des profondeurs de l'océan pour aller voir le bord de mer, et se retrouve coincée dans un bocal. Sosuke, un gamin de cinq ans habitant la maison en haut de la falaise la recueille, la délivre, et promet de prendre soin d'elle.
Le père de Ponyo, à sa recherche, la retrouve et l'enferme dans sa
tanière afin d'éviter tout contact avec les humains. Mais la petite
fille poisson ne l'entend pas de cette oreille, et au cours de sa
seconde évasion, aidée par ses soeurs poissons à têtes de petites
filles, elle répand un élixir magique dans les océans.
Les eaux montent et le déluge commence...
Ponyo sur la falaise, réalisé par Miyazaki et son équipe, renoue avec la tradition du dessin-animé réalisé entièrement à la main. Une façon élégante de confirmer que c'est dans les vieux pots que l'on fait les meilleures soupes. Inutile de faire durer le suspens, le film est une réussite totale, apportant son lot de poésie, aussi bien graphique que musicale, et sa cohorte de sentiments, de la joie à la colère, en passant par la déception et la peur.
En alternant les moments de tensions aux périodes de répits, voire d'instants de bonheur, le récit s'étoffe, prend de la texture, et devient de plus en plus intéressant, jusqu'à son point culminant. Puis retombe, petit à petit, en connaissant une seconde vague, plus proche de la stase temporelle que du déchaînement des éléments.
Le plus incroyable dans toute cette histoire, c'est la faculté de
tout un chacun, et même du spectateur, de ne pas être une seule
seconde choqué par l'arrivée du surnaturel. Une fois passé le
postulat selon lequel un poisson à tête de petite fille existe, on
est de plus en plus immergé dans le fantastique, sans pour autant
aller de surprises en surprises. L'acceptation des événements
est totale, à notre grand joie d'ailleurs.
Tout semble aller de soi. C'est un véritable conte qu'a tramé Miyazaki, avec ce que cela implique d'épreuves, d'embûches et de protagonistes attachants.
Tout au long de ce conte, la musique et le bruitage jouent un rôle essentiel, en piochant dans un répertoire classique. Les vagues se brisant sur les terres, les petits bruits marrants qui ponctuent les actions les plus habituelles, ou au contraire saugrenues, sont un ravissement pour les oreilles, amplifiant encore davantage l'immersion dans ce récit marin.
Miyazaki sait jouer la simplicité tout en n'oubliant pas la texture et la saveur. Il ne craint pas le bouillon et livre un Ponyo sur la falaise émouvant et juste.